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Quand l’école des Mines d’Alès découvrait les ordinateurs.
Par 4 anciens de la 121ième (1973)

07 décembre 2023 Ecole
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Le tout début des années 70 a été une des nombreuses périodes charnières de la longue et riche histoire de l’école des Mines d’Alès, avec comme témoins privilégiés, les élèves des promotions de cette période, dont la 121ième (1969-1973), qui ont vécu les premiers pas de l’informatique grand public (jusqu’à un certain point), avant l’aire du PC pour tous.

 

L’objectif était d’abord de faciliter certains calculs complexes et fastidieux dans certains domaines. Par exemple en topographie et en calculs de structures pour l’école des Mines d’Alès… et pour envoyer des hommes sur la lune pour d’autres.

 

C’est ainsi qu’un beau jour les élèves de la 121ième ont découvert avec « émerveillement » une petite machine baptisée « Facit ». Une calculette mécanique qui aurait ravi Blaise Pascal, le philosophe mathématicien. Elle effectuait  les 4 opérations courantes avec l’aide notamment de manivelles.

Facit

Mais, à peine le temps d’attraper une tendinite du poignet que débarquait la Programma 101 (voir plus de détails dans le glossaire) considérée (par certains) comme le tout premier PC du monde, commercialisé par Olivetti entre 1965 et 1971. En vérité un bond formidable, ces machines ayant été utilisées (pas seulement elles très vraisemblablement) pour la mission Appolo 11, mais sans doute avec des modèles plus sophistiqués (sources Wikipédia) et au début de cette grande aventure humaine, le programme Apollo ayant été lancé en 1961). Vous savez : Neil Armstrong et ses petits copains, en 1969 ! « Un petit pas pour l’Homme etc ».

 

Pourquoi 101 ? Parce que, si notre mémoire est bonne, on pouvait programmer 101 « consignes ». Un élève de la promo avait été envoyé en stage à Lyon, chez Olivetti pour apprendre le fonctionnement de la bête pour calculer un pont, dans le cadre du projet de fin d’année de notre major de promotion.

 

Et enfin, l’apothéose avec l’arrivée du premier vrai ordinateur de l’école de Mines d’Alès, le fameux IBM 1130, qui squattait tout une pièce en rez-de-chaussée du bâtiment des études, dans une atmosphère climatisée et dépoussiérée. Pièce qu’elle partageait avec un mini ordinateur, un PDP 8. C’était fragile ces grosses bêtes ! Et c’est ainsi que les élèves de cette époque ont appris à programmer en Fortran 4 (l’IBM 1130 acceptait également le langage Cobol) et à perforer des centaines de cartes pour des résultats qui feraient hurler de rire les geeks actuels. Par exemple, pour calculer une ferme métallique, il fallait plusieurs heures. Au moins autant qu’avec la méthode graphique Cremona (du nom de l’inventeur).

Olivetti Programma 101

Ha ! La nostalgie des cours soporifiques du tout jeune premier prof d’informatique, Mr VIGUIER, et ses formules mathématiques sans fin. ! Le grand amour ? Pas vraiment ! Un jour (sur un ton un peu vachard) il avait traité les élèves de la 121ième d’aboyeurs de chantier, qui en avaient bien ri. Mais il faut dire qu’il avait du mérite avec cette bande de loustics.

Avant ça,  avant les calculettes électroniques, on faisait comment ? Hé bien, on posait ses opérations, ou on utilisait les fameuses règles à calculer. Mais qui pouvait se vanter d’en connaître toutes les subtilités logarithmiques ? 

 

Et pendant ce temps-là,  Bill Gates (1955-   ) avec son pote Paul Allen (1953-2018), s’apprêtait à entrer dans l’histoire de l’informatique mondiale avant de devenir pendant quelques années l’homme le plus riche de la planète. Comme le monde est petit : son tout premier vrai joujou de ses brèves années de fac était un PDP-10.

Mais ceci est une autre histoire. Comme disait Rudyard Kipling.

Glossaire : sources principales Wikipédia, donc, restons prudents.

 

Facit : Produit par une société suédoise (1922, 1998)  Facit AB, géant mondial (machines à écrire et calculatrices mécaniques) à la fin des années 60. Hélas, elle n’a pas su prendre le virage des technologies électroniques. Pour Alès, possible modèle Facit CM2-16.

Programma 101. Nommée également Perottina. Conçue pour Olivetti et commercialisé de 1965 à 1971. Concepteur, l’ingénieur Pier Giorgio Perotto. 44 000 exemplaires produits, 90 % achetées par les USA. Dont 10 machines pour la NASA, utilisées, au moins pour partie, pour l’alunissage d’Appollo 11 sur la lune en 1969. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, les plus courageux d’entre nous, entassés dans la petite salle de télé à côté du foyer bruyant, regardions comme des enfants ces images incertaines en noir et blanc.

Prix du joujou dans les années 60 : 3 500 dollars, soit de l’ordre de 30 000  euros en 2023. Une fortune ! Bref, l’école des Mines d’Alès ne s’était pas moquée de ses élèves en acquérant une de ces machines. Peut-être un modèle d’occasion et pas le plus sophistiqué, mais quand même !

 

PDP-8 :  Conçu et produit par Digital Equipment Corporation (USA), société rachetée par la suite par Compaq qui a ensuite fusionné avec Hewlett-Packard. 50 000 exemplaires produits de 1965 à 1984. Mini (?) ordinateur au prix considéré alors comme compétitif de …. 100 000 dollars. Cela représentait le prix de 3 Ferrari premier prix. Un énorme investissement pour l’école. Une seconde main peut-être ! Mais à cette époque, l’école dépendait du ministère de l’industrie… qui était plutôt généreux.

 

IBM 1130 : Pas d’information croustillante sur ce monstre. Mais inutile de présenter IBM, sa saga et ses erreurs stratégiques. Wikipedia indique que l’IBM 1130 était loué (une habitude chez IBM du moins au début) 200 000 francs par an  en 1968, soit près de  l’ordre de 200 000 euros en 2023. Chaque année ! Pas donné ! L’histoire ne dit pas si l’ordinateur de l’école des Mines d’Alès avait été loué ou acheté.




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6 Commentaires

Adda BOUKRAA (IG, Mines Alès, 1974)
Il y a 11 mois
Super période où j'ai eu à travaillé sur IBM 1130 pour des calculs de structure (des milliers de carrés perforées des heures à perforées et des erreurs et des crises et le plaisir du résultat ( promo 124 sorti en 1974
Christian PIGNOL (IG, Mines Alès, 1969)
Il y a 11 mois
Bonjour,
Désolé, mais la 117 ème a eu l'occasion de s'en servir lors de sa 4eme année en 1969. Non pour moi, ce n'était pas 101 pas de programme. Elle ne savait faire que les 4 opérations de base. 3 ans plus tard sortait les premières calculettes scientifiques programmables de poche qui avaient 124 pas de programme possible. Nous en avions une au "service des mines" à Montpellier. Quel progrès ! en si peu de temps.
Bernard GINET (IG, Mines Alès, 1976)
Il y a 11 mois
Bonsoir Adda, La promo 124 est sortie en 1976. J'en faisais parti. Toi si tu es sortie en 1974, c'est la 122 éme !
Michel BOLOPION (IG, Mines Alès, 1973)
Il y a 11 mois
Pour Christian PIGNOL : petite confusion peut-être du fait d'une présentation inadéquate du texte. "Programma 101" aurait du être écrit en gras, car rien à voir avec la Facit qui effectivement ne réalisait que les 4 opérations de base. Pour la programma 101. Il fallait rédiger un vrai programme d'où cette formation spécifique suivie par un gars de la 121ième. On parvenait déjà à réaliser des calculs complexes et très précis par développements limités. Bref, un bidule de ce gerre. Mais c'est si loin tout ça !
Christian PIGNOL (IG, Mines Alès, 1969)
Il y a 11 mois
Pour Michel BOLOPION, non pas de confusion, Je parle bien de l'Oliveti. Je m'en suis resservi en 72 lorsque j'ai été nommé à Montpellier (en 1970) pour faire un calcul de diffusion de pollution atmosphérique de la raffinerie de Frontignan. Fonction log à programmer par développements limités.... et il en avait deux dans la formule de diffusion. Dans le même temps (73) est sortie la calculette scientifique programmable HP qui avait le même nombre pas de programme sauf qu'elle disposait de toutes les opérations, y compris les ARCsin... Un bijoux. et le tout sans formation de base solide.
Michel BOLOPION (IG, Mines Alès, 1973)
Il y a 11 mois
Merci Christian pour ces excellentes précisions. C'est ça les bons élèves, et donc autant pour moi à qui les développements limités donnaient surtout des boutons. Je n'ai pas évoqué L'HP car aucun collègue n'a pu me confirmer son utilisation par la 121ième. Et l'IBM pointait déjà le bout de son nez sans doute. Mais comme tu le dis, c'est très loin tout ça. Pas certain que tous les dinosaures avaient disparu.

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